Hernie discale : comprendre, traiter et prévenir l’opération

Objectif : vous aider à comprendre votre hernie discale, savoir quand s’alarmer et découvrir une prise en charge conservatrice moderne, active et personnalisée.

Qu’est‑ce qu’une hernie discale ?

Le disque intervertébral, simplement

Le disque agit comme un amortisseur entre deux vertèbres. Son centre gélatineux (nucleus) est entouré d’un anneau fibreux (annulus). Avec le temps, l’anneau peut se fissurer ; une portion du nucleus peut alors saillir (protrusion), s’extruder (extrusion) ou se séquestrer (fragment libre). Ces mécanismes expliquent pourquoi certaines hernies régressent spontanément : l’organisme peut résorber le fragment, surtout s’il est extrudé ou séquestré.

Symptômes typiques

Bon à savoir : « sciatique » et « cruralgie » décrivent la douleur de jambe d’origine nerveuse ; la cause fréquente est la hernie discale, mais pas toujours . Un examen clinique sérieux fait la part des choses.

Signes d’alerte (urgence)

Consultez en urgence si vous présentez : troubles des sphincters (rétention urinaire, incontinence), anesthésie en selle , déficit moteur rapidement progressif (chute du pied, jambe qui lâche), fièvre ou traumatisme majeur . Ce sont des situations à évaluer médicalement sans délai .


Faut‑il opérer ?

Quand la chirurgie est indiquée

Le traitement conservateur d’abord

Dans la majorité des cas, la première option est conservative (exercices dirigés, éducation, médicaments si besoin, parfois infiltration). De nombreuses hernies s’améliorent en quelques semaines ; l’imagerie montre une résorption fréquente , en particulier pour les extrusions et séquestrations . La chirurgie offre souvent un soulagement plus rapide de la radiculalgie, mais à plus long terme les différences tendent à s’atténuer chez beaucoup de patients. La décision se prend au cas par cas , selon vos objectifs et l’évolution.

Facteurs associés à un bénéfice chirurgical moindre / risque de récidive

Ces éléments renforcent l’intérêt d’une prise en charge active précoce , d’un accompagnement biopsychosocial , et d’un tri chirurgical au cas par cas .

Réorientation / avis médical : en cas de situation ambiguë ou au‑delà de notre champ de compétence et des attributs définis pour le chiropracteur, un avis spécialisé sera sollicité ou il vous sera demandé de consulter votre médecin généraliste .


Traitements pharmacologiques ou médicamenteux : ce que disent les recommandations

Médicaments : intérêt et limites

Infiltrations épidurales : quand et pourquoi ?

Indiquées dans certains cas de radiculalgie aiguë sévère pour gagner en confort et faciliter la rééducation. L’effet est transitoire ; elles s’intègrent à un programme actif , pas en solution isolée.

Imagerie : l’IRM est discutée si échec du traitement conservateur , si déficit moteur ou en cas de drapeau rouge . L’imagerie confirme un diagnostic déjà clinique et oriente la stratégie si une chirurgie est envisagée.


Prise en charge chez votre chiropracteur

Bilan clinique et objectifs partagés

Exercices dirigés : préférence directionnelle (MDT)

Même logique pour les techniques manuelles : lorsque les tests montrent une préférence directionnelle qui centralise vos symptômes, nous orientons les mobilisations et, si indiqué, la manipulation dans cette direction (position de départ, vecteur, prise). À l’inverse, toute manœuvre qui périphérise ou majore le rythme inflammatoire est évité e ou modulée .

Repères cliniques : centralisation/périphérisation & rythme inflammatoire

Techniques manuelles : mobilisations & manipulation (si indiqué)

Toujours combinées à des exercices ; jamais en « tout‑manuel ».

Éducation & facteurs psycho‑sociaux

Corrections posturales & ergonomie (personnalisées)

Progression et auto‑gestion

Prévenir les récidives


Sécurité : effets indésirables & risques comparés

Ce que signifient les chiffres. Un effet indésirable = réaction non souhaitée après un soin. Un événement indésirable grave = situation sérieuse (hospitalisation, séquelles importantes ou décès). Sauf mention contraire, il s’agit de risques “sur 1 000 personnes” ou par procédure . Ces données concernent des patients avec mal de dos et/ou douleur de jambe liée à un nerf , pas la population générale. Références : voir la section Références .

En bref — chiffres clés

Cas fictif :

Chaque cas est unique : parfois l’évolution impose une IRM et/ou un avis chirurgical.


FAQ

Le chiropracteur peut‑il « remettre en place » une hernie ? \ Non — et c’est une bonne nouvelle. Les vertèbres ne « se déplacent » pas et une hernie ne se « remet » pas mécaniquement. Une manipulation (thrust HVLA) n’a pas pour but de « remettre » quoi que ce soit, et le « crack » entendu correspond à une cavitation de gaz dans l’articulation, pas à l’efficacité du soin. Ce qui compte, c’est l’effet clinique (douleur, mobilité, parfois centralisation ) pendant la séance et dans les 24 h.

La manipulation est un outil parmi d’autres (mobilisations, exercices ciblés, exposition graduée). Elle aide certains profils et peut être inadaptée pour d’autres. Face à une hernie très irritable ou en aggravation récente, on privilégie d’abord des approches douces et des exercices avec préférence directionnelle , avec réévaluation rapide.

Enfin, vous n’avez pas besoin que la hernie disparaisse à l’IRM pour aller mieux . Beaucoup de personnes sans douleur présentent des discopathies/bombements/protrusions, et les hernies régressent souvent spontanément au fil des semaines ou mois (NEJM 1994 ; AJNR 2015 ; Clin Rehabil 2015).

Combien de temps pour guérir ? \ De quelques semaines à quelques mois selon la taille/morphologie de la hernie, l’irritation nerveuse, votre activité et l’observance du programme. Beaucoup d’hernies régressent au fil du temps sous traitement conservateur.

Et si la douleur est insupportable ? \ On peut discuter une infiltration pour passer un cap, et/ou un avis chirurgical . En cas de déficit moteur progressif ou de troubles sphinctériens , c’est une urgence .

Puis‑je faire du sport ? \ Souvent oui , en adaptant l’intensité et en progression . On évite surtout les positions aggravantes prolongées .

Hernie cervicale : prise en charge ? \ Oui. Les principes restent similaires (tri des urgences, exercices avec préférence directionnelle, techniques manuelles indiquées, éducation, gestion des facteurs psycho‑sociaux), avec des adaptations à la région cervicale (tests neurologiques, positions et exercices spécifiques).


Liens utiles

Références

  1. Chiu C‑C, et al. The probability of spontaneous regression of lumbar herniated disc: a systematic review. Clin Rehabil. 2015;29(2):184‑195. doi:10.1177/0269215514540919.
  2. NICE Guideline NG59. Low back pain and sciatica in over 16s: assessment and management. Last updated 11 Dec 2020.
  3. HAS. Prise en charge de la lombalgie commune de l’adulte – Recommandations. 2019.
  4. Weinstein JN, et al. Surgical vs Nonoperative Treatment for Lumbar Disk Herniation (SPORT). JAMA. 2006;296(20):2441‑2450.
  5. Weinstein JN, et al. Surgical vs Nonoperative Treatment for Lumbar Disk Herniation: 4‑year results (SPORT). Spine. 2008;33(25):2789‑2800.
  6. May S, et al. Centralization and directional preference: a systematic review. Man Ther. 2012;17(6):497‑506.
  7. Aina A, et al. The centralization phenomenon of spinal symptoms – a systematic review. Spine. 2004;29(14)\:E134‑E141.
  8. Long A, et al. Does it matter which exercise? A randomized control trial of exercises for low back pain. Spine. 2004;29:2593‑2602.
  9. Lam OT, et al. Effectiveness of the McKenzie Method of MDT: meta‑analysis. JOSPT. 2018;48(6):476‑490.
  10. Sakai D, et al. Essence of Clinical Practice Guidelines for Lumbar Disc Herniation. Spine Surg Relat Res. 2022;6(4):313‑322.
  11. FDA Drug Safety Communication. Label changes to warn of rare but serious neurologic problems after epidural corticosteroid injections. 2014.
  12. Rubinstein SM, et al. Benefits and harms of spinal manipulative therapy for chronic low back pain. BMJ. 2019;364\:l689.
  13. Gouveia LO, et al. Safety of spinal manipulation in the treatment of lumbar disk herniations: a systematic review and risk assessment. Spine J. 2009;9(8):754‑766. (PMID: 15129202)
  14. MacVicar J, et al. Reporting of adverse events associated with spinal manipulation. Chiropr Man Therap. 2023;31:13. (PMC10163511)
  15. Manchikanti L, et al. Safety of Epidural Corticosteroid Injections. Pain Physician. 2016;19\:E129‑E143. (PMC4767721)
  16. Kennedy DJ, et al. Adverse Event Rates Associated with Transforaminal and Interlaminar Epidural Steroid Injections. Pain Med. 2016;17(2):239‑249.
  17. Haynes J, et al. The Lumbar Neural Foramen and Transforaminal Epidural Steroid Injections. AJR. 2016;206:909‑915.
  18. Hayden JA, et al. Exercise therapy for chronic low back pain. Cochrane Database Syst Rev. 2021;CD009790.
  19. Waljee AK, et al. Short term use of oral corticosteroids and related harms among adults in the United States. BMJ. 2017;357\:j1415.
  20. Lanas A, et al. Upper gastrointestinal bleeding among users of NSAIDs. Gastroenterology. 2007;132(2):498‑506. (PMC1874281)
  21. CNT Collaboration. Vascular and upper gastrointestinal effects of NSAIDs. Lancet. 2013;382(9894):769‑779.
  22. Lanas A, et al. GI safety of NSAIDs and coxibs: an update. Rheumatology. 2010;49(Suppl 2)\:ii3‑ii10.
  23. Kamper SJ, et al. Benefits and harms of exercise therapy and physical modalities for chronic low back pain: umbrella review. Arch Phys Med Rehabil. 2025;106(4)\:e15‑e27. (PMC12191304)
  24. Brinjikji W, et al. MR imaging findings of disc degeneration in asymptomatic populations: meta‑analysis. AJNR. 2015;36(4):811‑816.
Informations générales. Ne remplacent pas un avis médical. Consulter en urgence si fièvre, déficit neurologique, troubles sphinctériens, traumatisme ou douleur inexpliquée persistante.