Douleur à l'épaule : retrouver confiance, mouvement et autonomie
Comprendre la douleur de votre épaule, savoir quoi faire, comment bouger, et vers où progresser… sans dramatiser.
Pourquoi mon épaule me fait-elle mal… alors que je n'ai rien fait de «grave» ?
Ce qui déclenche une douleur à l'épaule n'est pas toujours un choc, une lésion ou une «usure». C'est souvent une question de dose – intensité – récupération.
Imaginez : vous reprenez le tennis après 3 semaines d'arrêt. Ou vous montez un meuble un peu trop longtemps, bras en l'air. Ou vous enchaînez deux séances de muscu à l'épaule, «à fond».
Le muscle, lui, est bien vascularisé. Il encaisse, il récupère vite. Mais les structures passives comme le tendon ? Moins vascularisées, plus lentes à s'adapter. Elles préviennent, mais doucement.
Et si on ne leur laisse pas le temps – trop vite, trop fort, trop tôt – elles s'enflamment. C'est l'alerte. Le tendon «bâche» en premier. On entre dans la douleur.
Ce n'est pas un accident. C'est un problème de tempo, pas de déchirure. Et la bonne nouvelle ? Le corps peut réapprendre à tolérer, si on lui propose des doses justes, progressives, intelligentes.
“Tendinite” ou tendinopathie ? Comprendre le tendon qui proteste
Pendant longtemps, on a raconté que la douleur d'épaule venait d'un tendon «abîmé», «enflammé», fragile. Il fallait alors le ménager, l'immobiliser, éviter de «l'user».
Mais les découvertes récentes en biomécanique, en neurosciences et en clinique nous montrent une autre réalité : la douleur tendineuse n'est pas un signal de cassure, mais une alerte d'adaptation incomplète.
Le mot «tendinite» a même été remplacé par «tendinopathie». Pourquoi ? Parce qu'on ne retrouve pas d'inflammation au sens classique, mais plutôt une réponse cellulaire complexe à une surcharge.
“Ce n'est pas un problème de lésion, c'est un problème de tolérance à la charge.”
Greg Lehman, clinicien en biomécanique
Le tendon n'est pas un câble fragile. C'est un tissu vivant, capable de s'adapter, de récupérer, de redevenir solide… à condition qu'on lui propose le bon rythme. Pas trop vite, pas trop fort, pas trop tôt. C'est toute la logique du modèle de Jill Cook : un tendon n'a pas besoin d'être réparé, mais réentraîné.
Chez nous, on ne vous considère pas comme fragile. On vous considère comme capable de progresser. Et c'est ce qu'on construit, ensemble, à travers le mouvement, le dosage, la répétition juste.
Les 3 stades de la tendinopathie (modèle Cook)
- Tendinopathie réactive : réaction adaptative à une charge trop intense, trop rapide. Typique d'une reprise de sport ou d'un geste inhabituel. ▶ Voir en vidéo
- Tendinopathie avec remaniement 🔄 : le tendon ne récupère pas entre les charges, il se désorganise. Douleurs chroniques, variables, localisées. ▶ Exemple clinique
- Tendinopathie dégénérative 💥 : les fibres perdent leur capacité de réponse, la structure devient faible, parfois silencieuse… jusqu'à la rupture. ▶ En comprendre les enjeux
Chaque stade nécessite une prise en charge spécifique : repos relatif, exercices ciblés, remise en charge progressive, parfois stimulation tissulaire locale.
L'enjeu ? Réconcilier le tendon avec la charge, grâce à un programme ajusté à votre profil. La douleur ne veut pas dire danger : elle nous informe de la dose tolérée. À nous de la respecter… pour mieux la dépasser.
Capsulite : ce n’est pas “figé”, c’est évolutif
Souvent appelée “épaule gelée”, la capsulite est redoutée pour sa lenteur…
et pourtant, elle suit une logique bien plus structurée qu’on ne le croit.
Elle évolue en trois phases :
- Phase inflammatoire (3 à 6 mois) : douleur importante, même au repos, avec perte de mobilité progressive.
- Phase de raidissement (3 à 12 mois) : la douleur diminue, mais les mouvements restent très limités.
- Phase de récupération (6 à 24 mois) : l’amplitude revient progressivement, parfois totalement.
La douleur n’est pas permanente. Elle se module, elle régresse.
Et même si la capsulite demande du temps, elle guérit dans l’immense majorité des cas, avec ou sans opération.
🎯 Notre rôle : vous aider à traverser les phases, sans forcer là où c’est contre-productif.
Éviter de réveiller l’inflammation, mais stimuler doucement la mobilité. C’est un jeu d’équilibre.
Références cliniques :
Walton DM, Lewis JS, CAPSULE trial (2019), IFOMPT 2022
Douleur de coiffe : une faiblesse, pas une rupture
La coiffe des rotateurs n’a pas besoin d’être “réparée” à tout prix.
Même chez des patients avec rupture partielle ou complète, les études montrent que le renforcement fonctionnel suffit souvent à faire disparaître les douleurs.
🧠 Le corps compense.
L’omoplate s’adapte. Le deltoïde prend le relais.
Et surtout : la douleur n’est pas corrélée à l’IRM.
On peut avoir une épaule douloureuse sans lésion, et une lésion sans douleur.
💪 L’objectif ? Travailler la force globale, la coordination scapulo-humérale, la tolérance au mouvement.
Ce n’est pas un muscle isolé qu’on rééduque : c’est un système.
Références cliniques :
Kuhn JE (2009), Minagawa H et al. (2013), Cools et al. (2020), Thomas Robineau — Mémoire IFEC
Et si ce n’était pas vraiment l’épaule ?
On vient pour une douleur à l’épaule…
et parfois, c’est autre chose qui module la perception.
En tant que chiropracteur, on a souvent cette affinité particulière avec la colonne vertébrale.
Pourquoi ? Parce que c’est l’axe du corps, la voie des nerfs, le point central de bien des régulations posturales et sensitives.
🧠 Intuitivement, mais aussi cliniquement, on a souvent observé que certaines douleurs périphériques (comme l’épaule) pouvaient être soulagées via des mouvements et stimulations sur la colonne vertébrale.
📊 L’étude EXPOSS a montré qu’une proportion significative de patients avec douleurs périphériques bénéficiait d’un traitement vertébral.
Certains avaient même de meilleurs facteurs pronostiques si l’on ciblait la région cervico-dorsale.
Mais attention : cela ne signifie pas que tout vient des cervicales, ni que tout doit être traité de cette façon. Ce serait une erreur de logique.
Aujourd’hui, les douleurs d’épaule sont de plus en plus qualifiées de non spécifiques, précisément parce qu’il n’y a souvent pas un “producteur unique” de douleur.
🎯 Ce que cela change ? Cela ouvre le champ des possibles.
Cela nous autorise à tester, explorer, recadrer.
Et si la colonne module positivement la douleur d’épaule chez vous, alors on l’intègre.
Sinon, on garde le cap sur l’épaule elle-même.
Références :
EXPOSS Study (2020), Thomas Robineau – Notes cliniques, Lehman G.
FAQ – Questions fréquentes sur la douleur d’épaule
Dois-je faire une IRM avant la rééducation ?
Pas nécessairement. De nombreuses douleurs d’épaule se traitent très bien sans imagerie.
J’ai une déchirure de la coiffe, dois-je être opéré ?
Pas forcément. De nombreuses personnes avec une déchirure partielle ou même complète retrouvent une très bonne fonction grâce à un programme de renforcement progressif, sans passer par la chirurgie.
Puis-je continuer le sport avec une douleur d’épaule ?
Oui, tant que la douleur reste tolérable et ne s’aggrave pas après la séance.
IRM, lésion… ou simple variation ?
Lorsqu’on réalise une imagerie (IRM) sur des personnes n’ayant aucune douleur à l’épaule,
on retrouve très souvent… des anomalies.
🧠 Minagawa et al. (2013) :
Chez des sujets asymptomatiques de plus de 60 ans,
environ 60 % présentaient une rupture de coiffe.
Et dans 36 % des cas, cette rupture était bilatérale, sans aucune plainte clinique.
📊 Teunis et al. (2014) :
Jusqu’à 85 % des patients ayant une douleur unilatérale de l’épaule
présentaient aussi une anomalie sur l’autre épaule… asymptomatique.
👉 Ce décalage entre l’image et la plainte nous rappelle une chose essentielle :
c’est la personne qui guide, pas la photo.
Références :
• Minagawa H et al. (2013) – *J Shoulder Elbow Surg*
• Teunis T et al. (2014) – *J Bone Joint Surg Am*
• Robineau T. – *Mémoire IFEC*